Toutefois, ces mesures ont un coût social important. L’un des principaux risques est l’impact sur l’emploi des seniors. Si l’objectif affiché est d’augmenter le taux d’emploi des 60-64 ans, en réalité, nombre d’entre eux risquent de se retrouver au chômage ou en incapacité de travail avant même d’atteindre l’âge légal de départ. L’augmentation des périodes de chômage et d’arrêts maladie chez les seniors pourrait en effet contrebalancer les économies attendues.
Un autre point de préoccupation concerne la durée passée à la retraite. Si, à court terme, la réforme réduit le nombre de retraités, elle ne modifie pas l’espérance de vie. Ainsi, après 2040, la durée moyenne de retraite devrait à nouveau augmenter, réduisant les gains financiers de la réforme.
Un fardeau pour les seuls salariés
Pour tenter d’assurer l’équilibre financier, le rapport de la Cour met en avant des leviers d'ajustement possibles.
Ainsi, il suggère d’augmenter soit d’une année supplémentaire pour l'âge de l'ouverture des droits d’une année supplémentaire pour une économie de 8,4 milliards en 2035 ou la durée de cotisation requise pour un gain de 5,2 milliards en 2035, soit d’augmenter d’un point les cotisations pour un résultat positif de 4,8 à 7,6 milliards par an ou de modifier l'indexation des pensions en les baissant d’un point pour récupérer 2,9 milliards par an.
L’un des principaux enjeux soulevés est donc la répartition de l’effort. Le recul de l’âge légal touche avant tout les travailleurs aux carrières longues et pénibles, souvent contraints de continuer à exercer dans des conditions difficiles. La crainte est que la réforme pénalise les actifs sans véritablement imposer d’efforts supplémentaires aux employeurs ou aux grandes entreprises.
Un effort collectif à partager
Aussi, pour éviter une charge trop lourde sur un seul levier (âge, cotisations, indexation) la cour des comptes préconise un juste équilibre et une répartition des efforts.
Elle recommande une réforme structurelle pour garantir la pérennité financière par la combinaison des mesures qu’elle propose. L'équilibre du système doit prendre en compte les impacts sur l'emploi et la compétitivité, sujet d'un prochain rapport, pour assurer une viabilité à long terme.
Si l’objectif d’un système de retraite viable financièrement est légitime, il ne peut se faire au détriment des travailleurs. A ce titre, Les syndicats et les organisations de défense des salariés demandent une prise en compte plus juste des inégalités de carrière et des spécificités des métiers pénibles. Les débats autour des retraites ne sont donc pas clos, et de nouvelles négociations devraient voir le jour rapidement afin d’éviter que les salariés ne soient les premiers pénalisés par cette réforme.