"DES HOMMES DE CONFIANCE"
Sauf surprise, Sylvain Durante, à la tête de la seule liste qui s’est présentée pour l’heure, devrait donc diriger le syndicat pour les quatre années à venir. Représentant syndical depuis 2016, il a exercé à la brigade d’information et de renseignement de la DOPC de la préfecture de police de Paris. Guillaume Ruet, 44 ans et actuel secrétaire national en charge de l’Île-de-France, est son numéro deux sur la liste. Lui aussi a officié à la DOPC.
"Ce sont des hommes de confiance et la majorité des membres du bureau national se représentera. Je suis très serein sur l’avenir du syndicat", commente Denis Jacob. Le syndicaliste, qui a quitté Alliance en 2015 en dénonçant ce qu’il décrivait comme un virage politique pris par l’organisation, espère que ce changement permettra d’apaiser les relations avec Beauvau.
"J’ai eu des positions tranchées, qui nous ont valu un dialogue coupé avec le DGPN et le ministre de l'Intérieur. Malgré ces relations tendues, nous avons toujours porté nos revendications auprès des directions de la police. Notre position est restée responsable et pragmatique. J’espère que la confiance avec le politique se nouera davantage à mon départ", confie Denis Jacob.
"3 000 ADHÉRENTS"
Lors des dernières élections professionnelles de décembre 2022, le syndicat a recueilli 2,83 % des voix chez les gradés et gardiens de la paix, se classant troisième, loin derrière le duo formé par Alliance et Unsa police (réunis au sein du bloc syndical) et Unité SGP police-FO (lire sur AEF info). Un score tout de même en légère hausse par rapport à 2018 (2,40%). "Nous avons aujourd’hui passé le cap des 3 000 adhérents, du jamais vu au sein du syndicat CFDT [Alternative a absorbé la CFDT police en 2016 ]", commente Denis Jacob.
Le secrétaire général avait dénoncé auprès d’AEF info des "fraudes massives" lors de cette élection (lire sur AEF info). Selon un rapport de l’IGA, réalisé à la demande de Beauvau et paru en mai 2023, "aucun cas" n’était "avéré" à la date de rédaction du rapport.
"UNE OBLIGATION DE PORTE OUVERTE"
Si la CFDT a conservé son siège au comité social d’administration ministériel (lire sur AEF info), la confédération, représentée notamment par Alternative et le syndicat des officiers SCSI, ne siège pas au comité
social d’administration de réseau de la police nationale, où elle a recueilli 5,42 % des voix. "L’objectif de 2026 sera d’obtenir un siège en CSA RPN", indique Denis Jacob. "Cela donnerait une obligation de porte ouverte chez le DGPN et le ministre, qui ne pourront faire l’impasse sur nous."
Le responsable syndical se targue d’avoir obtenu des avancées, en ayant défendu "la réforme de la procédure pénale", le "cycle horaire en 12h08", mais aussi la contestée "réforme de la police en filières". Mais son organisation n’a pas été associée à la signature du protocole de mars 2022 sur les ressources humaines, préfigurant la Lopmi.
UNE CARRIÈRE EN SÉCURITÉ PUBLIQUE
Denis Jacob a commencé sa carrière policière en 1989 en tant que gardien de la paix dans une compagnie d’intervention à Créteil (Val-de-Marne). En 1992, il rejoint le commissariat de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) en tant que chef de groupe d’une unité de service général, police secours. Un poste qu’il exerce trois ans, avant de devenir îlotier – une présence à pied dans les quartiers, pour renforcer les liens avec la population.
Il devient délégué local du syndicat SIPN en 1993, puis participe à la création d’Alliance en 1998. Il rejoint le bureau national en 1999, puis devient secrétaire administratif général du syndicat en 2008 et jusqu’en 2015. Période pendant laquelle il s’occupe de la communication et des relations avec la presse, avant de quitter le syndicat pour créer Alternative.
Aujourd’hui, Denis Jacob réfléchit à deux projets de livres et songe à une reconversion professionnelle pour continuer à débattre sur les questions de police et de justice.