Budget sécurité 2025 : Alliance organise une manifestation sous tension et sous contradictions

Le 03/02/2025 0

Alors que le nouveau premier ministre, François BAYROU, vient de dégainer son premier 49-3 pour le budget 2025 PLFSS ; il y a quelques jours, le syndicat Alliance Police Nationale a appelé à une mobilisation le 4 février 2025 devant l’Assemblée nationale.

Une telle annonce interroge sur l’objectif de protester contre le budget alloué aux forces de l’ordre dans le projet de loi de finances pour 2025, tant par son fond que par ses contradictions internes.

Un mécontentement budgétaire

Le cœur du problème réside dans la perception, par Alliance, d’une insuffisance des moyens alloués à la police nationale. Le syndicat estime que les restrictions budgétaires prévues affaibliront les capacités opérationnelles des forces de l’ordre, mettant en péril la sécurité publique. Il dénonce en outre le nom respect de la Loi d’Orientation de Programmation du ministère de l’Intérieur qui, rappelons le, l’avait conduit initialement en 2022 a signer un protocole d’accord inique pour les policiers et principalement les gardiens de la paix et les gradés.

Ce discours apparaît cohérent aux yeux des policiers avec l’image que veut véhiculer Alliance Police Nationale : celle d’un défenseur intransigeant des conditions de travail des policiers et de la nécessité de renforcer leur présence sur le terrain. Mais est-ce bien la réalité de la démarche que ce syndicat engage ?

En effet, cette mobilisation soulève plusieurs interrogations sur sa posture et ses relations avec le pouvoir politique.


 

Des contradictions idéologiques

Historiquement, Alliance est classé à droite sur l’échiquier syndical et se montre régulièrement en phase avec des gouvernements prônant des politiques sécuritaires fermes. Pourtant, ces mêmes gouvernements mettent souvent en avant la nécessité de maîtriser les dépenses publiques, ce qui inclut aussi les forces de sécurité. Le soutien affiché par Alliance à ces politiques et sa dénonciation des "politiques laxistes" semblent en contradiction avec son refus des coupes budgétaires touchant son propre secteur.

L’autre paradoxe réside dans la proximité du syndicat avec certaines figures politiques de droite et d’extrême droite, souvent favorables à des restrictions budgétaires drastiques en matière de dépenses publiques. En contestant aujourd’hui une telle orientation appliquée à la police, Alliance police nationale se trouve dans une posture délicate, tiraillée entre son attachement à ses idéologies et son rôle de défenseur des intérêts de ses membres.

Une posture contestataire ambiguë

Il ne faut pas perdre de vue qu’Alliance adopte régulièrement une posture critique envers les institutions qui encadrent l’action des forces de sécurité. Il a par exemple dénoncé à plusieurs reprises la justice, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), voire son propre ministère de tutelle, leur reprochant de ne pas suffisamment soutenir les forces de l’ordre.

Cette posture contribue à un climat de tension avec les autres acteurs de la chaîne pénale et pose la question de la cohérence de son engagement. En contestant aujourd’hui une décision budgétaire issue d’un gouvernement dont il partage globalement les orientations, Alliance s’expose à une perte de crédibilité.

Une stratégie syndicale risquée

Cette manifestation s’inscrit dans une logique plus large de radicalisation du discours syndical policier. Face à la concurrence d’autres syndicats comme Unité SGP Police, Alternative Police, le SCSI et même l’Unsa Police,.membre du bloc syndical, Alliance cherche à affirmer son leadership en adoptant une ligne dure et en mettant en scène une opposition frontale avec les autorités.

Cette stratégie comporte cependant des risques : en se montrant trop revendicatif tout en entretenant des proximités politiques évidentes, le syndicat pourrait être perçu comme jouant un double jeu. Ce que les autres syndicats ne manquent pas de constater régulièrement lors des réunions ministérielles, avec la direction des ressources humaines et les directions nationales

Une démarche cohérente ou opportuniste ?

Finalement, la manifestation du 4 février illustre une difficulté pour Alliance à concilier ses revendications corporatistes et ses positions idéologiques. Le syndicat réclame plus de moyens tout en soutenant des forces politiques prônant la rigueur budgétaire, dénonce un manque de soutien de l’État tout en se positionnant comme un acteur influent de la politique sécuritaire. Cette incohérence pourrait affaiblir sa position à long terme et remettre en question son efficacité dans la défense des intérêts policiers.

En manifestant contre un budget voté par des élus qu’il a souvent soutenus, Alliance se place dans une posture inconfortable, où ses contradictions internes deviennent plus visibles.

Reste à voir si cette mobilisation lui permettra de renforcer son influence ou, au contraire, d’exposer davantage ses paradoxes aux yeux de l’opinion publique et des policiers !

Francois bayrou

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